Je me souviens que ma mère chantait souvent pour elle-même.
Elle chantait des vieilles chansons traditionnelles, et moi, petit garçon de quatre ou cinq ans, je restais dans son sillage à l’écouter avec fascination, comme si elle était en train de dire quelques-unes des plus importantes leçons de la vie.
Aujourd’hui, je m’aperçois que cette comparaison correspond tout à fait à la vérité. C’est à ces moments-là que ma mère portait et transmettait – comme ça se produisait depuis toujours de manière spontanée et naturelle, à n’importe quelle époque et dans n’importe quelle partie de notre petit monde sphérique – à travers les mélodies traditionnelles, par la vibration des cordes vocales de l’âme, le sceau des siècles et des générations, empreintes des peuples qui avaient vécu ou étaient passés par nos territoires, “nos larges ».
Un peu plus de deux décennies plus tard, j’aspire, en écoutant les indications tracées et acquises dans mon enfance, à m’inscrire dans ce fil ancestral, d’ajouter encore quelques pierres au Chemin et d’ouvrir peut-être à un enfant curieux son propre passage vers des « larges » nouveaux.